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La docteure Sonia Lupien, fondatrice du Centre d'études sur le stress humain, explique l'effet du stress sur la performance.
Qui aujourd’hui n’a jamais subi les effets du stress? Devant un examen difficile, une compétition de gymnastique ou un projet à remettre rapidement, la plupart d’entre nous ressentent un état de déséquilibre : le stress. Il se déclenche devant une situation perçue, parfois à tort, parfois à raison, comme une menace.
Les menaces en question peuvent avoir différentes causes. Pour se souvenir des principaux facteurs qui peuvent transformer une situation donnée en source de stress, le Centre d’étude sur le stress humain utilise l’acronyme C.I.N.É. :
Contrôle faible/ Imprévisibilité/ Nouveauté/ Égo menacé
Chaque fois que notre cerveau se retrouve devant l’un ou plusieurs de ces facteurs se déclenche alors une réaction immédiate de stress dans le corps : augmentation du rythme cardiaque, constriction des vaisseaux sanguins, montée d’adrénaline. Tout est mis en œuvre pour faire face au danger.
Toutefois, dans le monde moderne, où le stress est principalement lié à des soucis psychologiques ou à notre mode de vie (stress relatif) et où la résolution du danger n’est pas immédiate (stress absolu), le stress peut causer des malaises à long terme, tels l’anxiété, la dépression, des migraines, de l’insomnie ou encore des troubles digestifs… Selon le Medical Institute de l’Université Harvard, 80 % des consultations médicales auraient pour cause sous-jacente le stress et entre 60 % et 80 % des accidents de travail y seraient liés.
Même s’il a souvent mauvaise presse, il ne faut pas oublier que le stress peut être utile dans certaines situations. En effet, si un homme armé fait irruption dans la pièce où vous vous trouvez, vous serez bien heureux que votre cerveau sonne l’alerte pour vous pousser à réagir rapidement...
Dans votre vie, qu'est-ce qui vous cause le plus de stress?
Dans votre vie, qu'est-ce qui vous cause le plus de stress?
Le travail ressort comme grand « gagnant » parmi les principaux facteurs de stress des répondants… Suivent ensuite l’argent, la famille, les études, la vie de couple, la santé, le maintien du poids, la parentalité, la conciliation travail-famille, le manque de temps, la pression de performer, les conflits relationnels, la politique, l’actualité mondiale et même le réchauffement climatique! Fait surprenant : Sur les 1059 personnes interrogées, 24 ont répondu qu’elles n’avaient aucune source de stress dans leur vie.
La docteure Lila Amirali parle de l'anxiété et de ce qui peut engendrer une phobie scolaire chez les enfants.
La réussite, c'est avoir un bon emploi et gagner beaucoup d'argent. En accord ou en désaccord?
La réussite, c'est avoir un bon emploi et gagner beaucoup d'argent. En accord ou en désaccord?
La vision de la réussite est une chose personnelle. Mais pour de nombreuses personnes, la réussite ne se résume pas à la richesse matérielle. Elle englobe plutôt des éléments tels que de bons liens familiaux ou amicaux, une stabilité de vie, fonder une famille heureuse, vivre selon ses valeurs ou profiter de la vie au maximum.
Johanne Collin, sociologue, historienne et professeure en pharmacologie, offre une analyse des valeurs de la société de performance.
Quand je suis fier de quelque chose, j'aime en parler ou le montrer sur Facebook. En accord ou en désaccord?
Quand je suis fier de quelque chose, j'aime en parler ou le montrer sur Facebook. En accord ou en désaccord?
Une récente étude publiée par le Happiness Research Institute du Danemark a démontré qu’une majorité d’utilisateurs de Facebook préféraient ne montrer que les bons côtés de leur vie. En fait, 69% des répondants ont affirmé qu’ils utilisaient Facebook pour publier des photos des choses positives qu’ils vivent. Résultat : 1 personne sur 3 envie le bonheur de ses amis Facebook sur cette vaste plateforme.
Facebook donne une idée réaliste de la vie des gens. En accord ou en désaccord?
Facebook donne une idée réaliste de la vie des gens. En accord ou en désaccord?
Sur Facebook, bon nombre de nos amis semblent vivre une vie parfaite : des enfants sages et brillants, des voyages hauts en couleur, des emplois dynamiques, des histoires d’amour passionnées… Toutefois, la réalité est tout autre, puisqu’il faut se rappeler que la plupart des utilisateurs de Facebook publient uniquement ce qu’ils veulent bien montrer, laissant de côté les aspects plus ennuyants ou négatifs de leur vie.
Le stress et l’anxiété sont deux entités bien distinctes. Le stress est une réponse physique à quelque chose qui survient, tandis que l’anxiété est un état généralement provoqué par l’anticipation d’un danger.
Certaines personnes sont naturellement plus anxieuses que d’autres. Il s’agit généralement d’individus ayant la capacité de s’imaginer le futur et d’anticiper toutes les choses négatives qui pourraient survenir. Un trait de caractère qui peut en plonger plus d’un dans un état d’anxiété permanent… et qui, si on n’arrive pas à le contrôler, peut provoquer des désordres anxieux, des troubles obsessifs compulsifs ou des phobies.
Pourtant, l’anxiété n’a pas toujours été un problème. Comme l’explique Sonia Lupien, fondatrice du Centre d’étude sur le stress humain : « Moi, je crois en la survie de l’espèce et en l’adaptation de l’espèce. Je dis toujours que la loi de Darwin est la suivante : tout ce qui ne sert à rien est éliminé. Alors, pourquoi y a-t-il encore des anxieux? Ils auraient dû être éliminés.
Ce qu’on pense, c’est que les anxieux devaient être très, très efficaces dans la préhistoire. Ça devait être eux qu’on mettait pour faire le guet de la bête pendant qu’on dormait. Les anxieux, ce sont des hyper détecteurs de menaces. C’est la mission première du cerveau : détecter une menace. Il y en a moins aujourd’hui, alors, les anxieux, c’est comme si c’était les vestiges que ce qu’on avait jadis et, éventuellement, ça va diminuer avec le temps. »
Il m'arrive de trouver mon travail trop stressant et épuisant. En accord ou en désaccord?
Il m'arrive de trouver mon travail trop stressant et épuisant. En accord ou en désaccord?
Peu de gens échappent au stress dans leur milieu professionnel. Relations de travail tendues, attentes toujours plus élevées, conciliation travail-famille ; les facteurs de stress sont nombreux. En fait, 25% des travailleurs québécois affirment qu’ils ressentent un stress élevé sur une base quotidienne en raison de leur emploi. De quoi attendre les vacances impatiemment...
L'image qu'on projette auprès des autres est très importante. En accord ou en désaccord?
L'image qu'on projette auprès des autres est très importante. En accord ou en désaccord?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, lors de notre sondage, une plus grande proportion d’hommes que de femmes se sont dits d’accord avec l’affirmation que l’image qu’on projette auprès des autres est très importante. Les jeunes étaient également plus nombreux à être d’accord que les individus de 55 ans et plus.
La dépression et le burn-out sont des maladies pour les faibles et les lâches. En accord ou en désaccord?
La dépression et le burn-out sont des maladies pour les faibles et les lâches. En accord ou en désaccord?
Un grand nombre de Québécois souffrent de troubles anxieux. Mais lorsque la coupe est pleine, il arrive que le surplus de stress se transforme en dépression ou en burn-out... On estime d’ailleurs que 12% de la population âgée de 15 ans et plus a déjà vécu au moins un épisode dépressif au cours de sa vie.
Étienne, un étudiant en médecine, décrit comment il gère l'anxiété de performance au quotidien.
Le trac peut se définir comme une angoisse irraisonnée à l’approche d’un événement important comme une entrevue, une performance sur scène, une audition, etc. L’origine étymologique du mot « trac » vient de « trace, piste d’un animal ». En effet, une personne qui a le trac peut se sentir traquée comme un animal, examinée par les autres.
Selon Sonia Lupien, fondatrice du Centre d’étude sur le stress humain, le trac est « une réponse au stress qui nous donne la vigilance et la mobilisation d’énergie nécessaire pour se lancer sur la scène, par exemple, et être le plus performant possible. » Cependant, chacun ressent un « point de résistance » différent au trac, jusqu’à être incapable de négocier avec cette émotion et à devoir laisser tomber sa carrière d’artiste ou d’athlète.
Physiologiquement, le trac se traduit souvent par des tremblements, une accélération des battements du cœur, de la tension musculaire, une augmentation de la transpiration, une difficulté à respirer calmement, des nausées, des maux de ventre, une perte d’appétit… En somme, des symptômes dérangeants plus ou moins puissants, selon notre capacité à gérer cette angoisse.
Pour atténuer les effets du trac, certaines personnes ont recours à la médication, comme les anxiolytiques et les bêtabloquants. Les plus fréquemment utilisés bloquent les réactions au stress et servent normalement à traiter l’hypertension artérielle ou les arythmies cardiaques. Leur utilisation pour mieux performer est très controversée.
Plusieurs moyens sans danger pour la santé peuvent être pris pour diminuer les effets négatifs du trac. Par exemple, pratiquer des techniques de relaxation et de respiration avant les événements stressants. Aussi, se fixer des objectifs réalistes qui respectent notre personnalité plus ou moins anxieuse. Ensuite, bien se préparer et répéter devant un petit public peut atténuer l’angoisse de l’échec. Finalement, la visualisation de l’événement et de notre capacité à bien performer est aussi un moyen à ne pas négliger.
La société actuelle est trop exigeante envers les individus. En accord ou en désaccord?
La société actuelle est trop exigeante envers les individus. En accord ou en désaccord?
Beaucoup font porter le blâme de cette omniprésence du stress dans nos vies aux valeurs véhiculées par notre société moderne. L’anxiété de performance peut commencer très jeune, alors qu’on estime que 10% des enfants en souffrent au Québec. Chez les étudiants, la situation est encore pire avec des chiffres pouvant atteindre 40%.
Être un parent impliqué, un conjoint parfait et un employé performant est à la portée de tout le monde. En accord ou en désaccord?
Être un parent impliqué, un conjoint parfait et un employé performant est à la portée de tout le monde. En accord ou en désaccord?
Peu de gens peuvent se vanter d’être complètement indifférents aux pressions de performance exercées par la société, le travail ou l’entourage. Pourtant, selon un récent rapport des Nations unies, les Québécois seraient les champions du bonheur, tout juste derrière les Danois. Parmi les choses qui expliqueraient ce degré de béatitude chez nous, on retrouve notamment le climat de solidarité sociale et d’entraide, la beauté des paysages et le modèle social et politique de la province.
Richard Robert, musicien professionnel, exprime son point de vue quant à l'utilisation de bêtabloquants pour performer devant public.
Les troubles d'anxiété et de stress sont communs chez les gens de mon entourage. En accord ou en désaccord?
Les troubles d'anxiété et de stress sont communs chez les gens de mon entourage. En accord ou en désaccord?
Beaucoup de gens souffrent d’anxiété à des degrés divers. Les symptômes peuvent comprendre des crises de panique, des palpitations cardiaques, des tremblements, une pression sanguine élevée, des douleurs thoraciques, des nausées, des sueurs abondantes, des bouffées de chaleur, des frissons ou encore des étourdissements.
Le stress fait partie intégrante de l’être humain, et ce, depuis la nuit des temps. En fait, il a grandement contribué à la survie de l’espèce. Sans lui, l’homme des cavernes n’aurait pas pu chasser efficacement pour se nourrir et se défendre, car le stress augmente la performance du corps et la vigilance de l’esprit.
Tel que l’explique Sonia Lupien, fondatrice du Centre d’étude sur le stress humain : « Pensez à l’homme de Neandertal qui doit tuer un mammouth. Ce n’est pas en dormant qu’il va y arriver. Il a besoin de mobiliser son énergie, il doit être vigilant et voir très loin. Donc, le stress va augmenter sa vigilance, ce qui aura pour effet d’augmenter la performance. »
Les situations stressantes auxquelles nous sommes exposées aujourd’hui sont bien différentes de celles de jadis… Puisque nous vivons dans un pays riche et dont la population est éduquée et en santé, nous n’avons pas à lutter constamment pour notre survie. Pourtant, le cerveau ne fait pas encore la différence entre les différents types de stress.
« Le cerveau ne fait pas la différence entre un mammouth de la préhistoire (stress absolu) et notre collègue à la machine à café qui nous menace l’égo tous les mardis matins au travail (stress relatif). Et donc, dans les deux cas, il va produire une réponse de stress. À l’époque du mammouth, ça prenait deux semaines manger la bête; on avait une petite pause. Essayez d’imaginer combien de sources de stress relatif vous avez dans votre journée et vous allez commencer à comprendre pourquoi on stresse plus de nos jours. »
Malheureusement, les enfants sont aussi touchés par le stress et l’anxiété… Au Québec, on estime que 10 % des enfants souffrent de troubles anxieux. C’est le problème de santé mentale le plus fréquent chez les petits Québécois.
Nombre d’entre eux sont sujets à l’anxiété de performance, qui apparaît généralement vers l’âge de 7 ou 8 ans. L’enfant qui en souffre craint particulièrement toute situation où il est susceptible d’échouer, d’être jugé ou critiqué. Certains développent alors un perfectionnisme maladif ou tout le contraire : un mécanisme d’évitement devant la performance qui se manifeste souvent comme de la procrastination ou un trouble d’opposition.
Bien que certains enfants soient tout simplement de nature anxieuse, le rôle des parents n’est pas à négliger. Les troubles anxieux peuvent être provoqués par trop pression mise par le parent sur l’enfant, par l’exemple d’un parent lui-même perfectionniste ou anxieux, par un esprit de compétition exagéré au sein de la famille ou par des attentes que l’enfant juge trop élevées.
Dans une société qui fonctionne à toute vitesse, on observe également de plus en plus de ce qu’on appelle des « enfants agendas », c’est-à-dire des jeunes dont l’horaire est surchargé d’activités et de cours en tous genres, et de qui on attend qu’ils soient bons dans tout. Une tendance qui aurait plutôt pour effet de nuire au développement de l’enfant, qui doit avoir d’autres sources de motivation et de valorisation que la performance scolaire ou sportive.
Une étude de Sport Canada conseille d’ailleurs aux parents d’éviter d’inscrire des enfants de moins de 6 ans dans des équipes de sport organisé ou des activités de compétition. Il serait donc préférable de laisser les enfants jouer et apprendre à leur rythme plutôt que de leur transmettre, malgré de bonnes intentions, les bases de l’anxiété.
La docteure Pascale Brillon explique en quoi consiste l'anxiété de performance et ce qui explique son omniprésence dans nos vies.